Montréal Underground Origins Blog

Garth Gilker du Santropol et le People’s Yellow Pages

17.08.2016

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LR: Combien de temps avez-vous travaillé au Rainbow Bar & Grill ?
GG: Bien, ça n’a pas duré très longtemps… mais assez pour que je puisse toucher le chômage. À l’époque, c’était 9 semaines et puis je pouvais toucher au chômage tout l’hiver et puis je pouvais rédiger ce Peoples’s Yellow Pages.
LR: Est-ce que le Rainbow avait de la musique en direct à l’époque ?
GG: Oui, et ils avaient aussi des films, alors non seulement je nettoyais la vaisselle, mais j’étais aussi le projectionniste. Alors lorsque j’ai quitté pour toucher l’assurance-chômage, je n’ai pas dit que j’étais laveur de vaisselle—j’ai dit que j’étais le projectioniste !! (rires)
LR: Vous rappelez-vous de films locaux qui avaient été présentés là-bas ?
GG: Non.
LR: Était-ce rétro, des trucs vintage ?
GG: Ouais.
LR: Vous rappelez-vous des artistes qui jouaient là ?
GG: Il y avait April Wine, et Penny Lang, Bruce Cockburn—il jouait beaucoup là. C’était une petite salle de concert à l’arrière. C’était l’un des premiers bars qui n’était pas une taverne et qui avait plus une allure contemporaine. Je me souviens lorsque The Esquire a cessé d’être The Esquire, ils avaient des planchers de bois franc et le plancher de danse avait la taille d’une patinoire, on pouvait se jeter à travers le plancher sur plusieurs mètres.
LR: Vous rendiez-vous à des centres d’artistes tel que Véhicule Art ou la galerie Powerhouse ?
GG: Ouais, j’allais à Véhicule Art, parfois pour faire imprimer des choses là-bas mais aussi pour des lectures et des évènements. Et Powerhouse se trouvait dans une église là-bas près de Guibeault et St-Dominique. Tout était très central. je me souviens avoir habité sur Coloniale juste en bas de l’avenue des Pins, et de trouver un peu long de se rendre à pieds jusqu’au magasin d’aliments naturels sur la rue Duluth. À l’époque, personne ne vivait au Mile End.montreal_peoples_yellow_pages_winter73_112w

LR: Les choses étaient vraiment plus concentrées autour de Sir George (aujourd’hui l’Université Concordia) et McGill, de St-Antoine à Sherbrooke…
GG: Si je voulais prendre une bière dans ce quartier, je devais descendre jusqu’à chez Jean au coin de St-Dominique et Prince-Arthur, c’était comme une taverne. Ou me rendre au Swiss Hut sur Sherbrooke et Bleury, et puis c’est devenu la Chambre Noire de l’autre côté de la rue, ou on allait sur de la Montagne ou Crescent…
LR: Il n’y avait aucun bar sur St-Laurent ?
GG: Il n’y avait rien ici… il y avait la taverne Balmoral au coin de St-Cuthbert et St-Laurent, c’est pas mal tout.
Quand j’ai décidé d’écrire le Peoples’ Yellow Pages, je roulais à vélo autour de ce quartier et collectais des cartes d’affaire, je prenais note des différents lieux alternatifs. C’était à l’époque où la rue Prince Arthur commençait tout juste avec Bill’s Leather shop et the Moveable Feast. Même sur St-Denis, la seule place qu’il y avait était un club d’échecs un peu plus bas que Cherrier sur le côté Est de l’autre côté du restaurant 24 heures de Harry en face du Carré St-Louis. Si tu regardes les cartes dans les Peoples’ Yellow Pages, tu remarqueras que tout est concentré dans un petit secteur, Le Plateau. Le tout premier—ce que j’appellerais magasin d’aliments naturels, où tu entrais et y faisais du bénévolat et où tout se vendait en gros, se trouvait ici sur la rue Duluth, juste en haut de St-Laurent. Et the Moveable Feast devait être l’un des premiers restaurants végétariens à Montréal.

Montreal People's Yellow Pages Winter 1973-1974

Montreal People’s Yellow Pages, Hiver 1973-1974


LR: Pour le premier numéro, vous avez mentionné avoir été inspiré à Amsterdam mais vous n’avez pas mentionné quelles publications vous avez vu là-bas. Était-ce au Red Light district ?
GG: Je pense que c’était the Amsterdam Yellow Pages, et il y en avait aussi un de San Francisco, the Whole Earth Catalogue était sur le point de sortir au même moment également. Ça se voyait qu’ils étaient imprimés en petite quantité, c’est ce qui m’a donné l’idée, je savais que je pouvais moi aussi faire ça. Alors j’ai abandonné l’Université et j’ai décidé que j’allais faire le Montreal’s People’s Yellow Pages.
LR: J’aime comment le Peoples’ Yellow Pages présente un mélange de vie nocturne et des choses le fun, mais aussi des ressources importantes comme des cliniques de santé qui fournissent des services d’avortement…
GG: Et le prix de la marijuana et du haschisch, information que personne à l’époque n’imprimait.
LR: Est-ce la raison qui explique l’anonymat de la publication et pourquoi il y avait une boîte postale…
GG: Ouais, ça c’est la station « G » – c’était au coin de Clark et l’avenue des Pins dans ce bâtiment sur le coin sud-ouest. C’était notre bureau de poste, puis c’est devenu un bar, je pense que ça s’appelait Secrets ou quelque chose comme ça.
LR: C’était considéré sécuritaire à l’époque, une boîte postale de bureau de poste… Quelle sorte d’équipe de recherche avez-vous assemblé pour être certain, par exemple, que vous aviez tous les bons prix de marijuana…
GG: Moi ! J’ai fait toute la recherche. (sourires.)
LR: Il y avait une publication très similaire qu’on a trouvé appelée Montréal Insolite en français. Remarquablement, ça se recoupe avec la tienne, mais ils n’incluent pas vraiment de ressources communautaires, ils rentrent dans un certain détail, par exemple, d’où l’on peut encore trouver des bordels, où sont les bars gays, les bars pour hétéro, et ceux qui sont mixtes… montreal_peoples_yellow_pages_winter73_113w
GG: Vous savez quoi ? Il n’y avait presque pas de ces choses-là à Montréal. Et quand je dis qu’il y en avait très peu, il n’y avait vraiment, vraiment, vraiment pas beaucoup qui se passait à cette époque. Montréal — je pense dans les années ’30 et ‘40 — c’était partout, mais arrivé à cette époque ça s’était pas mal desséché à ce niveau-là.
LR: J’ai parlé au gars qui a fait Logos et en ’68-’69 ils imprimaient 25 000 copies, mais alors j’ai l’impression que rendu au ’69-’70, il y avait un épuisement en sortant de la scène des années ‘60 et une période un peu morte…

À la porte du New Penelope Café avec Allan Youster  
 Freda Guttman, artiste et activiste vétéran de Montréal

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